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~ LE BLEU DU MIROIR : Critiques Cinéma, DVD et TV ~
30 janvier 2007

[ciné] LITTLE CHILDREN

littlechildren

Little Children entrecroise les vies, les destinées contrariées, les secrets, les rêves, les fantasmes et les angoisses de personnages dans la quiétude trompeuse d'une banlieue bourgeoise de la côte Est.

Femme et homme au foyer désespérés.

    Entre American Beauty et Desperate Housewives, ce film de moeurs introduit sans complaisance des personnages issus de la middle-class américaine qui s'ennuient dans leur petite vie bien rangée. Cette fable moderne, subtile et maîtrisée, où la tension va croissante, suit ses protagonistes au bord de l'explosion qui tentent de vivre leur vie entre convenances et véritables désirs. Todd Field réussit à capter les faux-semblants au milieu de cette hypocrisie bourgeoise qui s'offusque de tout ce qui n'est pas socialement et politiquement correct, et qui s'affole lorsque la petite vie tranquille du quartier est menacée par l'emménagement d'un quadragénaire, condamné pour exhibitionnisme.

    Ce pestiféré, montré du doigt et tourmenté par ses pulsions, va chercher à se construire une vie au milieu des doigts tendus, des regards inquiets et des tracts. Bouc-émissaire d'un flic un peu bourru qui va le harceler, et bien que conscient de ses troubles comportementaux, il s'efforcera de rentrer dans le droit chemin, poussé par sa vieille mère qui fait tout son possible pour l'y encourager, à commencer par lui chercher une petite amie "de son âge". Cela donnera lieu à des scènes dures, parfois insoutenables, où l'on peut être épris d'un sentiment de compassion avant d'être horrifié par le désarroi incontrôlable du personnage.

    Sarah, mariée à un homme qui ne quitte le boulot que pour retrouver le bureau du grenier une fois rentré, cherche sa place au milieu de toutes ces mères parfaites, dont le seul loisir est de fantasmer sur Brad, un père au foyer qui accompagne son bambin chaque après-midi au square. Mais ce "roi de la promo" muté en "papa poule", enfermé dans un couple dont l'épouse castratrice contrôle la vie, va faire connaissance de Sarah qui ne cherchait pas mieux qu'un alibi pour s'arracher aux banalités de ses voisines. Elle trouvera en lui quelqu'un qui lui permettra d'échapper à son sort sans issue d'épouse délaissée et mère débordée en passant ses après-midi estivales au bord de la piscine municipale à ses côtés, gardant à l'oeil leur progéniture. A la suite d'un orage, entre les vêtements qui sèchent et les petits qui font la sieste, ils vont franchir ce pas que la communauté interdit afin de dépasser leurs frustrations personnelles et conjugales.

    Kate Winslet prouve une fois de plus son formidable talent dans ce rôle à la Erin Brokovich, saupoudré d'une touche de Mme Bovary contemporaine. Jennifer Connelly, de son côté, réussit à nous faire ressentir cet étouffement que subit Brad par cette femme conformément parfaite - dynamique et affirmée, comme un symbole du changement de cette société dans laquelle la femme a le pouvoir, fait attention à sa ligne et entretient son mari - chaperonnant le moindre moment de sa vie.

    Bien que l'on se serait volontiers passé de la morale un peu lourdingue énoncée par la voix-off lors des dernières secondes, la rencontre de ces deux âmes en perdition est traitée avec suffisamment de subtilité, et ce qu'il faut de psychologie, pour faire de ce film une véritable réussite qui réussit à nous captiver sur plus de deux heures alors qu'on ne donne pas cher de l'avenir de leur histoire. Il faudra enfin préciser pour conclure que l'on n'attend toutefois par l'inégalable magie du film de Sam Mendes, qui, lui, est un chef d'oeuvre.

Une comédie satyrique, dérangeante, où l'ambiance pesante de ce milieu oppresant d'hyprocrisie et de conventions est parfois allégée par des séquences narrées par une voix-off cynique dont n'abuse heureusement pas trop son auteur. Portée par d'excellents comédiens, naturels et sans pudeur, ce film cruel évite de tomber lourdement dans les clichés grace à un scénario bien construit et une mise en scène remarquable.

LITTLE CHILDREN 5sur6

AVEC KATE WINSLET,  PATRICK WILSON, JENNIFER CONNELLY
  
UN FILM DE TODD FIELD ETATS_20UNIS4 DRAME - 2h20 - 2007

         Filmos         
Kate  Winslet (Titanic, La vie de David Gale, Eternal Sunshine, Neverland, Les fous du roi...)
A venir : Romance and cigarettes de John Turturro.
Patrick Wilson (Le fantôme de l'opéra, Hard candy)
A venir : Courir avec des ciseaux de Ryan Murphy.
Jennifer Connelly (Requiem for a dream, Un homme d'exception)
Egalement à l'affiche de : Blood Diamond de Edward Zwick.
Todd Field (In the bedroom, Carnivale (un épisode))

     Prochaine critique    
Cashback de Sean Ellis

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Commentaires
S
Ce film-ci, et bien ma foi, m'a dérangé un peu beaucoup. Je ne m'y attendais déjà pas, je veux dire à toute l'histoire pédophile, etc... (c'était pas dans le résumé, lol). Le film était très bien dans le sens où les acteurs étaient compétents, comme tu le dis Kate Winslet était remarquable, et puis l'histoire était bien ficelée. Je trouve que c'est assez psychologique mais perturbant - je le reids, je sais -..... Little Children, définitivement pas pour les enfants....
M
J'avais hésité à aller le voir au ciné à sa sortie, je pense me rattraper très bientôt
C
Poussé par la curiosité j'ai loué le DVD ce week-end. Globalement j'ai vraiment bien aimé l'histoire, les personnages et la mise en scène. Dommage que le réalisateur cède à la mode du film choral dans sa manière de conclure les différentes intrigues car c'est un genre avec lequel je n'accroche guère.
W
Nous sommes donc bien d'accord.
J
Un film bien construit, bien interprété, dont j'ai regretté la fin trop moralisatrice à mon goût et en contradiction avec le ton critique du film.Je n'ai pas aimé la voix off.
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