[ciné] CASHBACK

AVEC SEAN BIGGERSTAFF, EMILIA FOX, SHAUN EVANS
 UN FILM DE SEAN ELLIS COMEDIE -  1h34 - 2007

Étudiant aux Beaux-Arts, Ben Willis se fait plaquer par sa petite amie Suzy. Insomniaque suite à cette rupture, il se met à travailler de nuit au supermarché du coin où son imaginaire vagabonde. L'art de Ben consiste à imaginer qu'il suspend le temps, ce qui lui permet d'apprécier la beauté du monde "en mode pause" et des êtres qui le peuplent.

Autisme esthète inassouvi.

Initialement, Cashback était un court-métrage plutôt réussi et même nominé aux Oscars. Vouloir en faire un long était donc le défi périlleux que s'est lancé Sean Ellis. Copie rendue deux ans plus tard, que l'on pourrait annoter d'un "de bonnes idées, à creuser". En effet, les enjeux dramatiques y sont développés et le premier quart d'heure est vraiment riche en émotions : de la douleur de la rupture au deuil de la relation, Ben Willis va subir l'ennui et la mélancolie des aiguilles paresseuses. Lorsque chaque détail peut renvoyer à une nostalgie douloureuse des sourires partagés, le temps qui passe ne guérit guère ce qui se passe à l'intérieur et qui reste comme un mal qui gangrène jusqu'aux viscères.

Le prologue de l'histoire est donc une véritable réussite car il nous fait partager cette impuissance face à l'ennui et la difficulté de tourner la page, qui va le conduire à trouver un job de nuit qui lui permettra d'occuper son temps. Celui-ci va finalement découvrir qu'au lieu de subir le temps, il peut en tirer profit. Avec ce don d'autisme hors du temps, il pourra déambuler dans ce monde fantasmagorique (qui n'a jamais rêvé de déambuler seul dans un espace public alors que la vie des autres est en suspens?) et ainsi explorer et donner corps à sa fascination pour les courbes féminines. Attention, rien de sexuel contrairement à ses acolytes du supermarché qui mettent en place différentes stratégies plus lourdes les unes que les autres - parfois très amusantes, parfois simplement dignes d'American Pie - car ici il est question d'art. Il va ainsi disposer de modèles vivants comme des mannequins de cire qu'il pourra faire poser pour ses oeuvres.

Après un excellent début, ce film très prometteur devient malheureusement un peu trop banal, digne d'un gigantesque clip publicitaire représentatif de cette génération MTV qu'est la notre. Néanmoins, en alternant les scènes de comédie et les virées imaginaires du jeune esthète, il se laisse agréablement suivre jusqu'à une fin plutôt décevante. On se prend à espérer un dénouement un peu plus original, mais il en est ainsi.

On peut donc regretter le manque de maturité de cette première oeuvre dont la recette méritait encore quelques années pour se bonnifier : un brin de tendresse et de romantisme, quelques minutes de rêverie, plusieurs pincées de tristesse, relevé d'une bonne dose d'humour (parfois trop potache) et de quelques zestes de clichés adolescents.

Un film teinté d'une véritable mélancolie, au scénario encore trop léger pour tenir sur un long-métrage mais qui comporte de bonnes idées et qui se suit de bout en bout avec plaisir. Drôle, touchant mais naïf, un premier film envoûtant mais frustrant, dans lequel Sean Biggerstaff est tout à son aise.

CASHBACK

     Filmos      
Sean Biggerstaff (Harry Potter à l'école des sorciers, Harry Potter et la chambre des secrets...)
Emilia Fox (Le tigre et la neige, Le pianiste)
Shaun Evans (The boys & girl from County Claire)
Sean Ellis (The broken)

     Prochaine critique    
Rocky Balboa de Sylvester Stallone

Comments

[Caro]

Ben Willis se laisse aller dans une forme d'autisme assez convaincante mais le réalisateur semble se perdre dans la photographie et délaisser donc la réalisation. Ca reste un bon film, à voir une fois pour le plaisir des yeux et de quelques dialogues touchants.

[jade]

C'est vrai que le film s'essouffle un peu, après un début original, il tourne à la comédie romantique assez banale.L'ensemble reste tout à fait sympathique, souvent drôle avec des personnages attachants

[woam]

excellent court, j'aten de voir le long

[Jane]

J'avais dit que j'irais et je n'y suis toujours pas allée...
Ni voir Little Children.
Zut.

[cinevisions7]

Merci de ta visite ;)

Concernant le film : pas vu...