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~ LE BLEU DU MIROIR : Critiques Cinéma, DVD et TV ~
24 novembre 2007

[ciné] SOUFFLE

souffle

AVEC CHEN CHANG, HA JUNG-WOO, JI-A PARK
  UN FILM DE KIM KI-DUK drapeau_coreesud DRAME - 1h20 - 2007

La jalousie, un souffle qui nous épuise. Le pardon, un souffle qui nous soulage.
L’espoir, un souffle qu’on retient. La passion, un souffle qu’on libère…


Le dernier souffle de vie

     Le prolifique ambassadeur sud-coréen de la poésie cinématographique revient après Time - sorti en Août dernier et qui vaut le détour - pour un film articulé autour de quatre thèmes associés au quatre saison de la vie. Nous ne sommes plus dans le contemplatif apaisant de Printemps, été, automne.. mais le suggestif est toujours de mise, même si les images choquent parfois.

    Une femme, poussée par des motivations aussi mystérieuses que désespérées, décide d'aller rendre visite à un condamné à mort qui vient de tenter de se suicider pour la seconde fois. Est-ce un besoin de se sentir désirée ou utile ? Trompée par son mari et pas entièrement comblée par son rôle de mère au foyer, elle décide de redonner un souffle de vie à un homme qui n'en a plus vraiment et dont les jours sont comptés, de lui offrir ses larmes et ses sourires, ses craintes et ses désirs.

    On retrouve à nouveau les schémas et les thèmes favoris du réalisateur : le triangle amoureux, les stratégies de reconquête du mari négligent, la femme qui s'évade pour renaître autrement, l'univers carcéral, la jalousie, la mort. Dans des décors de plus en plus minimalistes, Kim Ki-duk semble se servir de ses protagonistes comme de pantins dans une pièce de théatre qu'il façonne, cabosse et libère. Symbole de cette emprise sur ses personnages, il interprète le directeur de la prison qu'on ne voit pas - ou seulement dans le reflet d'un écran plasma - mais qui dirige de son bureau l'évolution du lien qui se tisse entre la jeune femme et le prisonnier. C'est lui qui décidera de leur sort et interviendra quand bon lui semble pour empêcher ce qu'il ne tolère pas ou n'a pas encore accordé. Il est donc le metteur en scène voyeur et cruel, qui donne pour reprendre, à ces deux êtres à l'agonie.

    La conclusion est superbe. On ne comprend finalement qu'à ce moment la signification et la visée de ses rencontres entre Yeon et Jang Jin, qui souhaite lui offrir un dernier tour d'horizon avant qu'on ne lui ôte la vie pour l'avoir ôter à sa femme et ses enfants. Kim Ki-duk ne livre pas un plaidoyer contre la peine de mort mais il tente de donner un peu de vie et d'humanité à cet univers carcéral bien morose avec ce personnage un peu excentrique qui joue avec les couleurs des saisons. Elle semble effectuer une dernière parade devant cet homme, amant et confident de passage, sorte de guérisseur sacrifié.

    Nul besoin de dresser un tableau des métaphores saisonnières qui se laissent simplement deviner à travers les images et l'évolution du film, jusqu'aux paysages enneigés qui semblent anesthésier les sentiments de douleur et de haine pour faire table rase et retrouver un peu d'harmonie. Pancarte6Sur10

Un film poignant où la cruauté va parfois de pair avec l'amour et où les liens se tissent malgré les barrières, au sens propre comme au figuré. Avec lyrisme et une touche d'excentricité qui tranche avec l'humeur du film, Kim Ki-duk offre au spectateur un film fort et soigneusement photographié, qui souffre néanmoins un peu de son minimalisme.

Filmographie

Kim Ki-duk ( Printemps, été, automne.. ; Locataires ; L'Arc ; Samaria ; Time ... )  

Prochaine critique

La forêt de Mogari de Naomi Kawase

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Commentaires
D
mais il me tente bien. Cela m'a l'air d'une belle histoire et ta critique me donne envie d'y aller.
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