[ciné] MARIE-ANTOINETTE
Evocation de la vie de la reine d'origine autrichienne, épouse mal-aimée de Louis XVI, guillotinée en 1793. Au sortir de l'adolescence, une jeune fille découvre un monde hostile et codifié, un univers frivole où chacun observe et juge l'autre sans aménité. Mariée à un homme maladroit qui la délaisse, elle est rapidement lassée par les devoirs de représentation qu'on lui impose. Elle s'évade dans l'ivresse de la fête et les plaisirs des sens pour réinventer un monde à elle.
Marie-Antoinette au pays des Converse
Attendue
au tournant, la talentueuse Sofia Coppola, dont j'avais énormément
apprécié les deux premiers longs-métrages, réalise un film tout en
légèreté. Trop ? C'est ce que l'on peut se demander. Elle dresse un
portrait un peu trop lisse de la souveraine franco-autrichienne où la
fidélité historique est d'ailleurs parfois négligée et certains éléments mis de
côté (son rôle politique), faussés (elle n'était pas vraiment portée
sur l'alcool en vérité...) ou survolés (les décès du roi, de sa mère ou
son enfant, pas vraiment exploités).
Ainsi, le choix de rester focalisé sur
M-Antoinette, coupée du monde à Versailles ne permet pas au spectateur
de percevoir le contexte historique qui mènera à sa perte. Le film
s'enferme donc dans la mélancolie tranquille d'un décor soigné et la
vie refreinée de son personnage. Dommage car certaines séquences sont
de purs plaisirs visuels et l'interprétation de Kirsten Dunst assez
convaincante, bien que minaudante. Choix judicieux ou discutables ?
On
peut saluer la tentative de la réalisatrice, qui signe là une adaptation
glamour et pop-rock, ayant le mérite d'être originale, avec une excellente B.O
mais tout de même parfois mal choisie - on aurait aimé plus
d'ambiance à la Air que pop-rock à la The Strokes...
Un film donc léger et superficiel (dans les deux sens du terme) bien qu'esthétiquement réussi - Coppola est décidément sacrément douée pour les plans de nature - où l'on retrouve l'empreinte de la réalisatrice dans le comique de situation reposant sur l'expression des acteurs, les prises de vues en contre-plongée ou au ras du sol, ainsi que dans les séquences d'introduction (Boh Harris découvrant dans son taxi le décor nippon comme Marie-Antoinette voit défiler le paysage français) et de conclusion (comment ne pas voir le parallèle entre Lux Lisbon et M-A, toutes deux portant le visage de Kirsten Dunst, rêvassant le bras tendu par la fenêtre du carrosse).
A voir pour le plaisir visuel et des oreilles, en gardant à l'esprit un certain recul par rapport subjectivité volontaire et aux libertés prises par l'auteure, audacieuses mais pas tout le temps appropriées.
MARIE ANTOINETTE
Réalisé par Sofia Coppola - Avec Kirsten Dunst, Jason Schwartzman, Rip Torn
Film américain. Genre : Historique, Biographie