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~ LE BLEU DU MIROIR : Critiques Cinéma, DVD et TV ~
16 juin 2007

[ciné] THX 1138

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Les hommes vivent desormais sous terre et leur vie est entièrement regie par l'ordinateur. Un homme, THX 1138, va tenter de s'enfuir de ce monde impossible, au régime totalitaire.

La guerre des idées

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce film de George Lucas, son premier, qui ressort en salle en ce mois de Juin 2007, retouché et poffiné à postériori par son auteur. Ce director's cut permet au cinéaste d'ajouter quelques scènes et d'en dépoussiérer quelques unes et aux cinéphiles français de le découvrir sur écran géant. Plutôt encensé par la critique du public comme de la presse, le film comporte un défaut non négligeable qui peut conduire à une terrible déception : l'absence totale de narration.

Projeté dans ce décor futuriste et épuré qui n'a quasiment pas pris une ride depuis 1971, le spectateur est assailli de questions et reste très perplexe face à l'envahissement du jargon technique typique chez Lucas. Pour les novices qui ont découvert Star Wars sur le tard, ils auront une petite idée de ce que je veux dire. Et même pour les spectateurs avertis, il reste fort probable que la prolifération de ce charabia puisse faire regretter même le plus motivé d'entre eux. Après une interminable séquence d'ouverture, aussi inutile qu'incompréhensible, nous découvrons THX et son monde. Pas de psychologie, pas de véritable prise de position, Lucas se contente de montrer (qu'il est un fin technicien et qu'il a une imagination prolifique) nous laissant la tâche peu aisée d'essayer de construire du sens et de la cohérence à ce qu'il créé.

THX 1138 serait en fait comme un plat refroidi servi par un grand chef qui aurait tout misé sur la présentation et l'aspect général, négligeant la saveur de son mêt en ne respectant pas le dosage des ingrédients. On est bien loin de la maîtrise d'un Farenheit 451 ou de la classe inoubliable de Bienvenu à Gattaca. Pire encore, la lenteur de l'action nous contraint à retenir un baillement qui se fait de plus en plus insistant, avec cette petite voix intérieure qui chuchote de que ça ne vaut ni le très intéressant Equilibrium ni le tout récent Norway of Life, déjà plus intriguant.

Pourtant il est n'est carrément pas dépourvu de bonnes idées puisqu'il aborde des thèmes indémodables et certaines séquences font parfois froid dans le dos. Ce régime totalitaire, où la performance personnelle et l'harmonie de la communauté priment avant l'individualité, prive les protagonistes de toute humanité, au point même qu'ils ne portent plus que des patronymes composés de trois lettres juxtaposées à un numéro. Une séquence est d'ailleurs déroutante : THX va confesser son mal-être à une représentation iconographique du Tout-Puissant, sorte d'intelligence artificielle programmée qui ne semble pas avoir de répliques appropriées à sa détresse et qui se contente de débiter tout son baratin idéologiquement émétique. Le personnage de Donald Pleasence est très symbolique de cette société qui anhile les marginaux. Celui de la touchante  Maggie McOmie, qui va interrompre la médication thérapeutique de son compagnon, l'est tout autant, puisque son choix de ne plus se plier au dictat de la perfection va être l'élément déclencheur de la fuite de l'internement puis de la fuite de THX 1138.

Ce film, ambitieux et plutôt louable pour son époque, souffre donc surtout d'une narration quasi-inexistante difficile à dépasser qui dessert le propos central du film, si bien que l'on en regrette qu'il ne soit pas simplement resté dans les mémoires comme le film surprenant qu'il fut à sa sortie. George Lucas s'est exprimé librement sur le sujet - un peu trop peut-être - quitte à passer parfois à côté de son sujet et à le rendre ennuyeux. Pourquoi ne pas avoir coupé la poire en deux entre son projet de fin d'études et le long-métrage de 71, afin de nous offrir trente-cinq ans plus tard un moyen-métrage epoustouflant techniquement et plus élaboré scénaristiquement ?

THX 1138 note2

AVEC ROBERT DUVALL, MAGGIE McOMIE, DONALD PLEASENCE
  UN FILM DE GEORGE LUCAS   ANTICIPATION - 1h35 - 1971 

         Filmos         
Robert Duvall
( Le Parrain I & II, L'évadé, Le prédicateur, Thank you for smoking ... )
Donald Pleasence
( Halloween I, II, IV, V, VI... )

George Lucas ( La saga STAR WARS... )

         Articles sur le même film      
Batman1985

     Prochaine critique   
Harry Potter et l'Ordre du Phénix de David Yates

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Commentaires
A
Et il faut dire que ce film est un «remake» de son film étudiant. Au moins 99% des films étudiants sont 100 fois plus mauvais que celui-là. Ça démontre tout son talent (et les moyens des étudiants en cinéma de USC). Dommage qu'il se soit momifié en gérant de franchise.
N
assez d'accord avec ta critique, même si, replacé dans le contexte de l'époque, c'est bien foutu !
T
et bien je dois dire que j'ai visionnée la première version récemment et je m'attendait pas vraiment à ça mais j'ai trouvé les prises de parties pour ce film intéressantes, une sorte d'archive cinématographique de la science fiction d'époque c'est pourquoi j'imagine que de faire un remake par le propre réalisateur n'a pas trop de sens je jetterai un oeil quand même par curiosité, mais bon...
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