[ciné] INTO THE WILD
AVEC EMILE HIRSCH, MARCIA GAY HARDEN, WILLIAM HURT - UN FILM DE SEAN PENN AVENTURE - 2h27 - 2008 - Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui. Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.
Après The Pledge - fiche critique à venir - Sean Penn repasse derrière la caméra pour l'adaptation casse-gueule d'un roman de John Krakauer intitulé Voyage au bout de la solitude. S'il confirme qu'il est un excellent filmeur - davantage dans les plans rapprochés très soignées que sur ces grandiloquentes séquences classiques et faciles de paysages pour en mettre plein la vue - il s'enferme à nouveau dans un académisme bien trop évident. Sa réalisation et son propos, bien que portées par de bonnes intentions, ne permettent pas à son oeuvre de prendre une dimension humaine et forte. Il nous paraît assez difficile - alors que c'était le but évident de l'auteur - de s'identifier à ce personnage central utopiste, donneur de leçons à tout va, dans sa quête de la vérité et de son être. Bien entendu, les références littéraires et politiques vont appuyer les idées du personnage de Emile Hirsch. Toutefois, la richesse humaine de Into the wild réside dans ses rencontres, anodines et attachantes que Chris fait au hasard de son chemin. Le personnage de Hal Holbrook, dans la dernière partie du film, apporte bien davantage de simplicité et de sagesse que ce jeune homme plein d'élan romantique, prêt à tout sacrifier - famille, études et biens - pour l'accomplissement de sa grande aventure. Ne serait-ce pas là finalement que l'on ressentirait le plus d'empathie : ce vieil homme seul sur le bord d'une route de l'Amérique profonde dont la vie s'est arrêté lorsque les siens l'ont quitté brutalement - à l'opposé de Chris qui s'en est éloigné par choix ?
D'ailleurs, on se demande finalement si ce ne sera pas cela qu'il fuit - sa famille, les disputes et les mauvais souvenirs - davantage que cette société de consommation qu'il condamne - et on ne peut qu'acquiescer - et cet avenir prometteur porté par des diplômes prestigieux mais sans valeur à ses yeux.
Si l'on retenait que les points forts du film, on saluerait les choix de cadrages et la photographie de ce film bien davantage que le ton solennel de celui-ci et de son personnage, quelque part assez maniéré. On retiendrait également cette conclusion ( "Happiness only real when shared" ) qu'écrit Chris dans son bouquin, fataliste et résolu. Tout ce bonheur sous ses yeux, ce plaisir du dépaysement et de la communion avec la nature, trouve t'elle un sens si, en fin de compte, elle n'est pas vécue et partagée ? Une question que l'on est en droit de se poser, tant pour le film que pour l'idée que véhicule celui-ci.
13 / 20
(...) le film pêche par un manque d'allant, un ton trop didactique et une solennité finale qui confine à la naïveté. Pierre Eisenreich - Positif
Hélas, Sean Penn privilégie un traitement exclusivement romantique, qui manque de crédibilité et de vérité humaine. Bruno Bouvet - La Croix
Avec son mélange de paradoxes et de contradictions, Into the Wild
ressemble, sans l'ombre d'un doute, à son auteur : à la fois énervant
et séduisant, excluant et généreux, âpre et tendre. Gérard Delorme - Première
Le film laisse une curieuse impression : celle d'une exceptionnelle aventure humaine, superbement mise en image, mais sans centre de gravité. On sort de là partagé entre l'admiration et l'insatisfaction. François Forestier - TeleCineObs
Sean Penn ( réalisateur - The indian runner, Crossing guard, The Pledge ... )
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