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~ LE BLEU DU MIROIR : Critiques Cinéma, DVD et TV ~
26 février 2008

[ciné] INTO THE WILD

intothewild1

AVEC EMILE HIRSCH, MARCIA GAY HARDEN, WILLIAM HURT - UN FILM DE SEAN PENN ETATS_20UNIS4 AVENTURE - 2h27 - 2008 - Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui. Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.

Human nature

       Après The Pledge - fiche critique à venir - Sean Penn repasse derrière la caméra pour l'adaptation casse-gueule d'un roman de John Krakauer intitulé Voyage au bout de la solitude. S'il confirme qu'il est un excellent filmeur - davantage dans les plans rapprochés très soignées que sur ces grandiloquentes séquences classiques et faciles de paysages pour en mettre plein la vue - il s'enferme à nouveau dans un académisme bien trop évident. Sa réalisation et son propos, bien que portées par de bonnes intentions, ne permettent pas à son oeuvre de prendre une dimension humaine et forte. Il nous paraît assez difficile - alors que c'était le but évident de l'auteur - de s'identifier à ce personnage central utopiste, donneur de leçons à tout va, dans sa quête de la vérité et de son être. Bien entendu, les références littéraires et politiques vont appuyer les idées du personnage de Emile Hirsch. Toutefois, la richesse humaine de Into the wild réside dans ses rencontres, anodines et attachantes que Chris fait au hasard de son chemin. Le personnage de Hal Holbrook, dans la dernière partie du film, apporte bien davantage de simplicité et de sagesse que ce jeune homme plein d'élan romantique, prêt à tout sacrifier - famille, études et biens - pour l'accomplissement de sa grande aventure. Ne serait-ce pas là finalement que l'on ressentirait le plus d'empathie : ce vieil homme seul sur le bord d'une route de l'Amérique profonde dont la vie s'est arrêté lorsque les siens l'ont quitté brutalement - à l'opposé de Chris qui s'en est éloigné par choix ?
     D'ailleurs, on se demande finalement si ce ne sera pas cela qu'il fuit - sa famille, les disputes et les mauvais souvenirs - davantage que cette société de consommation qu'il condamne - et on ne peut qu'acquiescer - et cet avenir prometteur porté par des diplômes prestigieux mais sans valeur à ses yeux.

Si l'on retenait que les points forts du film, on saluerait les choix de cadrages et la photographie de ce film bien davantage que le ton solennel de celui-ci et de son personnage, quelque part assez maniéré. On retiendrait également cette conclusion ( "Happiness only real when shared" ) qu'écrit Chris dans son bouquin, fataliste et résolu. Tout ce bonheur sous ses yeux, ce plaisir du dépaysement et de la communion avec la nature, trouve t'elle un sens si, en fin de compte, elle n'est pas vécue et partagée ? Une question que l'on est en droit de se poser, tant pour le film que pour l'idée que véhicule celui-ci.

FAV 13 / 20

L'avis de la presse

(...) le film pêche par un manque d'allant, un ton trop didactique et une solennité finale qui confine à la naïveté. Pierre Eisenreich - Positif

Hélas, Sean Penn privilégie un traitement exclusivement romantique, qui manque de crédibilité et de vérité humaine. Bruno Bouvet - La Croix

Avec son mélange de paradoxes et de contradictions, Into the Wild ressemble, sans l'ombre d'un doute, à son auteur : à la fois énervant et séduisant, excluant et généreux, âpre et tendre. Gérard Delorme - Première

Le film laisse une curieuse impression : celle d'une exceptionnelle aventure humaine, superbement mise en image, mais sans centre de gravité. On sort de là partagé entre l'admiration et l'insatisfaction. François Forestier - TeleCineObs

Filmographies

Sean Penn ( réalisateur - The indian runner, Crossing guard, The Pledge  ... ) 

Prochaine toile

La famille Savage de Tamara Jenkins

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Commentaires
T
un magnifique film !
J
J'ai pu voir ce film en "DVD" à Milan, ma seule façon actuelle de voir des films car je n'ai pas encore trouvé le temps d'aller dans une salle italienne qui aura de la VO + des films intéressants. Mais je ne désespère pas de trouver la perle rare qui me fera découvrir, comme je le faisais à Paris, des oeuvres uniques. Je prends juste le temps de m'installer et c'est un véritable bonheur depuis 3 mois.<br /> Tu es très dur avec Sean Penn.<br /> Ce qui m'a le plus touché dans ce film, c'est sa vérité. J'ai pensé à la famille qui a accepté de contribuer à ce film et je me suis dit que ça n'avait pas dû être facile. Car il est clair que ce jeune homme fuit une famille plus qu'une société. Et j'y ai vu beaucoup d'égoïsme : ses parents ont souffert de cette soudaine disparition et sa soeur aussi. Un mot, juste un mot aurait pu les aider. A la place, ils ont dû essayer de retracer son parcours pour comprendre et apprendre.<br /> La rencontre avec le vieil homme est très belle et émouvante. La vanité de la jeunesse qui rencontre la sagesse.<br /> <br /> Je t'embrasse cher Wilyrah et repart dans la lecture de ton blog à la recherche de ce que je suis en train de rater au cinéma, de ce que j'ai raté pour me rattraper. Une mine d'or ! D'ailleurs tu devrais mettre un lien sur les pages dans lesquels tu mets "prochaine toile" quand tu as enfin vu le film. Tu vois ce que je veux dire ? Je sais, j'abuse. C'est juste que j'étais dans "Juno", que j'ai lu que tu allais voir "Into the Wild" et que j'aurais bien aimé pouvoir cliquer dessus. Mais là je parle pour les lecteurs retardataires comme moi ! :-)<br /> <br /> Ouf, c'est fini !<br /> <br /> Jane
B
Un film qui m'a complètement séduit et convaincu, justement parce qu'il reste en permanence honnête vis à vis de cette utopie, à la fois séduisante mais excessivement naïve.
T
Effectivement, je n'avais fait que quelques escales sur votre blog. Il n'en demeure pas moins que votre façon de réduire Christopher à un donneur de leçons (il ne l'est absolument pas, et ne tente finalement de convaincre personne. Il va jusqu'au bout de SON aventure... au risque de se perdre, ce qui en fait un bel héros romantique, d'ailleurs) sur le monde moderne qu'il abhorre catégorisait à mon sens maladroitement le personnage. Mais vous n'êtes pas le seul. J'ai été confronté à pas mal de gens qui ne voyaient en lui qu'un fieffé égoïste. Et il est vrai que ce qu'il a fait endurer à sa famille peut sembler inhumain. Intéressante d'ailleurs à ce sujet la polémique autour du livre de Krakauer, dont Penn a tiré la substantifique moelle de son sujet. Elle tient en peu de choses, mais ma foi fort éclairantes. Le journaliste aurait "mythifié" le parcours du jeune homme. Lequel ne se serait jamais débarrassé de ses pièces d'identité et de sa menue monnaie. Pire, pour les autochtones d'Alaska, Christopher était un fils de riches dont l'idiotie - il n'était pas du tout préparé aux conditions de vie sur place selon eux - a lamentablement conduit à la mort. Le fameux bus sarcophage se trouvant, paraît-il, à une encablure d'une petite route fréquentée. Voilà qui donne au moins une lecture du personnage identique à la vôtre. Cependant rien n'est sûr, ni franchement tranché au sujet de ladite polémique. Quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, j'aime le Supertramp fictionnel au parcours jusqu'auboutiste, dont l'audace me fait sentir un peu plus vivant. J'aime aussi ce retour au plus beau cinéma au monde, l'américain des années 70, avec sa liberté incroyable de ton et son allure cabossée d'artiste maudit...<br /> Au plaisir de vous lire,<br /> <br /> Thierry
W
Voilà un commentaire dont je regrette bien la position. Il serait donc impossible de juger le travail et la remise en question de Sean Penn ? <br /> Personnellement, l'idée, je la partage. Bien plus que vous ne semblez le penser cher Thierry. Votre première phrase manifeste visiblement votre jugement un peu hâtif me concernant. Mais, je le pardonne, ce n'est sûrement que la première fois que vous passez par ici. Vous n'avez donc pu suivre mes nombreux coups de gueule contre la machine capitaliste, l'industrie du cinéma, la superficialité de certains auteurs (ou au contraire, l'intellectualisme maniéré d'autres) et par conséquent, à la lecture de mon billet sur "Into the wild", vous débarquez sur vos grands chevaux en grand défenseur de la pensée symbolisée par Sean Penn. <br /> Croyez-moi, j'admire l'engagement de celui-ci et je le soutiens d'ailleurs. Mais mon estime ne doit pas me rendre plus indulgent lorsqu'en voyant un film (de qualité certes) j'ai à émettre des remarques, des regrets ou des reproches sur son travail. <br /> Je suis moi aussi un idéaliste, moi aussi un humaniste, moi aussi un pacifiste. Néanmoins, ce n'est pas pour autant que comme le personnage de Emile Hirsch, je deviendrais un donneur de leçons mieux que les autres du haut de mes 22 ans. <br /> Je conclue donc en affirmant qu'en effet, j'ai pris une position vis à vis du film et je détaille mon point de vue, ma perception de l'oeuvre de Sean Penn. Les extraits de presse ne sont que pour souligner celui-ci, pour exprimer différemment par les mots d'autres personnes, là où je souhaite en venir.<br /> Je ne prétendrais pas détenir la vérité pour autant. Pour des points de vue différents et opposés, il existe bien des sites et revues, beaucoup plus spécialisées que mon modeste blog. <br /> Merci néanmoins d'avoir pris le temps de me laisser ce commentaire intelligent et argumenté. J'espère que nous aurons d'autres occasions d'échanger et que mon avis ne sera pas perçu comme une attaque sur les films que je commente. Seulement une petite mise en perspective que je souhaite la plus objective possible de mon regard. <br /> Salutations.<br /> Wilyrah
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